Recensement des services gratuits au Canada
Au cours des deux dernières décennies, l’Internet a révolutionné presque tous les aspects de la vie au Canada, de la façon dont nous communiquons jusqu’à la façon dont nous apprenons et nous nous divertissons. Alors que notre vie de tous les jours se passe de plus en plus en ligne, un nombre croissant d’études se penchent sur la valeur que les utilisateurs d’Internet accordent aux services auxquels ils ont accès en ligne.
L’un des aspects sur lesquels se penchent les études est l’utilisation des services en ligne gratuits qui sont nombreux à remplacer les biens et services payants (par exemple, le contenu gratuit en mode continu remplace la télédiffusion traditionnelle; les applications de cartographie disponibles en ligne remplacent les cartes papier). Les services numériques peuvent récolter une plus grande part de marché en étant offerts gratuitement et en couvrant leurs coûts par des revenus publicitaires plutôt que par des frais de service imposés aux utilisateurs.
Cette situation a mené à ce que certains économistes appellent le « problème de la disparition de la productivité ». Lorsqu’aucune valeur marchande n’est associée à un bien ou à un service, il devient difficile d’en tenir compte dans les mesures économiques habituelles du PIB, car un prix positif est nécessaire pour exprimer l’activité économique en dollars. Par conséquent, lorsqu’une plus grande part des services consommés sont offerts gratuitement plutôt que facturés, cette activité économique échappe complètement aux méthodes conventionnelles de calcul. Par conséquent, la productivité économique et la croissance dans les secteurs touchés semblent « disparaître ».
Les économistes de nombreux pays se penchent sur le problème de la disparition de la productivité et ont mis au point diverses méthodes pour décrire et mesurer la place occupée par les services gratuits dans l’économie. Une de ces méthodes consiste à demander directement aux personnes d’évaluer la valeur des services en ligne offerts gratuitement qu’ils utilisent.
Afin de réduire la partialité et la subjectivité dans la réalisation d’une telle enquête, notre équipe cherche à reproduire le travail de l’économiste du MIT, Erik Brynjolfsson, et pose la question suivante : [traduction] « Abandonneriez‑vous (un service) pendant un mois en échange de X dollars? », où X correspond à une valeur aléatoire pour chaque répondant. Poser les questions sur la valeur des services gratuits de cette façon permet de réduire le biais individuel dans les réponses, et l’analyse des réponses dans l’ensemble de la population nous donne une approximation de la valeur médiane que le Canadien moyen placerait sur un service donné.
Bien que les valeurs calculées à l’aide de cette méthode ne correspondent pas exactement à celles auxquelles les services se vendraient sur le marché, elles peuvent néanmoins servir à estimer la valeur générale des services gratuits dans l’économie et à assurer le suivi de la valeur des services gratuits à long terme, donnant ainsi une indication de l’importance relative des services comme les médias sociaux, les services de collecte de renseignements et autres.
Notre projet vise à combler cette importante lacune statistique concernant l’économie numérique du Canada et à élargir la portée de la recherche en cours sur l’économie numérique à Statistique Canada. En poursuivant ce projet dans le cadre de l’initiative Expérimentation à l’œuvre du Secrétariat du Conseil du Trésor, nous espérons pouvoir faire des progrès à cet égard et fournir des données plus informatives et pertinentes aux Canadiens.
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Billet de blogue redigé par David Wavrock et Roobina Keshishbanoosy de Statistique Canada.
Article also available in English here: Capturing Free Services in Canada | by Experimentation Works (EW) | June, 2021 | Medium