Bâtir un gouvernement expérimental
Quelques mois se sont écoulés depuis notre événement de relance d’Expérimentation à l’œuvre (EO) le 24 février 2022. Nous avons appelé cet événement “Bâtir un gouvernement expérimental “ alors que nous réfléchissons à la façon dont l’expérimentation s’est développée dans la fonction publique fédérale et à la direction qu’elle prendra.
Alors que notre équipe continue d’identifier et de soutenir de nouveaux projets expérimentaux, nous avons pensé que le moment était bien choisi pour faire le point avec notre communauté et élaborer sur certaines des idées qui nous sont restées en tête depuis l’événement de lancement.
Modèle de service EO
Pour ceux qui connaissent ce milieu, la plupart d’entre vous savent maintenant que nous avons fait évoluer le modèle EO d’une cohorte annuelle de projets vers un service plus flexible et à la demande. Depuis notre relance, nous avons reçu des demandes de sept équipes de la famille fédérale. Les expériences proposées touchent un large éventail de domaines politiques, notamment le logement, l’emploi des jeunes, les expériences vécues dans le domaine des soins de santé, le travail hybride, ainsi que la santé et le bien-être des employés.
Jusqu’à présent, quatre projets sont passés au jumelage avec un expert-conseil. La plupart des autres projets en étaient aux premiers stades et ont été dirigés vers d’autres ressources pour peaufiner leur plan d’expérimentation avant de faire appel à un expert-conseil. Au cours des prochains mois, notre équipe s’efforcera de promouvoir le service EO auprès d’autres secteurs du gouvernement et d’ajuster nos documents d’orientation pour les équipes qui débutent leur parcours expérimental.
5 ans de progrès
Le type d’expérimentation dont nous parlons n’est certainement pas nouveau pour le gouvernement du Canada. Cela fait maintenant un peu plus de cinq ans que les Directives relatives à l’expérimentation à l’intention des administrateurs généraux de 2016 a été publiée par le Secrétariat du Conseil du Trésor et le Bureau du Conseil privé. Nous étions heureux de constater l’enthousiasme continu pour l’expérimentation dans un contexte de politiques publiques lors de notre événement et de renouer avec notre communauté pour célébrer le chemin parcouru.
Les Directives de 2016 étaient un appel à l’action clair, soulignant que «l’expérimentation éthique et rigoureuse est au cœur de l’accent mis par le gouvernement sur l’élaboration, les résultats et la mise en œuvre de politiques fondées sur des données probantes. » Les équipes de tout le gouvernement ont répondu à ces Directives avec engouement. Il est remarquable de constater les progrès réalisés dans les données de notre Cadre de responsabilisation de gestion. En 2020, 91 % des ministères et organismes fédéraux avaient engagé des ressources pour l’expérimentation, 88 % menaient des expériences et 65 % avaient mis en place un cadre pour l’expérimentation.
Grâce aux ressources plus ciblées consacrées à l’expérimentation, nous constatons une augmentation du nombre de projets expérimentaux dans l’ensemble du gouvernement. Nous avons également assisté à la création d’organes de gouvernance et d’unités spécialisées dans l’innovation et l’expérimentation au niveau des ministères. Ce qui était autrefois une activité secondaire, ou limitée aux scientifiques, est devenu une pratique délibérée de l’innovation et de l’expérimentation éthique dans de nombreux secteurs du gouvernement.
Alors, à la lumière des progrès réalisés, l’expérimentation est-elle encore nécessaire ?
Nous pensons que oui. Il y a encore tellement de domaines de la politique canadienne et de la prestation de services où nous ne savons pas ce qui fonctionne le mieux. Pour ne prendre qu’un exemple opportun, nous sommes tous encore en train de trouver ce qui fonctionne le mieux pour gérer et travailler dans des équipes hybrides. Et il ne s’agit pas seulement de mener des expériences. Il est également essentiel de s’assurer que les hauts dirigeants utilisent les preuves expérimentales dans les décisions qu’ils prennent.
La nécessité de continuer à expérimenter a également été mentionnée à plusieurs reprises lors de notre table ronde à l’événement de lancement. Nous étions accompagnés de Nick Chesterley, directeur des politiques stratégiques et de l’expérimentation au Secrétariat du Conseil du Trésor, et de Sasha Tregebov, directeur de l’équipe Behavioural Insights Canada. Ce fut une discussion riche, pleine de réflexion et d’espoir, qui nous a rappelé que si nous avons fait de grands progrès, nous ne faisons encore qu’effleurer la surface de ce que l’expérimentation a à offrir. Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des moments qui nous ont marqués depuis l’événement.
La prochaine fois que votre équipe vous propose trois grandes idées, essayez-les toutes.
Lorsqu’on lui a demandé ce que les gestionnaires et les dirigeants peuvent faire pour favoriser l’expérimentation, la réponse de Nick a été simple. La prochaine fois que votre équipe vous propose trois bonnes idées, essayez-les toutes. Les hauts dirigeants peuvent souvent se sentir sous pression pour prendre des décisions et apporter de la clarté à leurs équipes. Parfois, la meilleure chose à faire est de créer un espace pour l’expérimentation et d’apprendre ce faisant.
Cela demande du courage. Il nous faut admettre, en tant qu’individus et en tant qu’équipes, que nous n’avons pas toujours les réponses ou que nous ne savons pas à l’avance ce qui va fonctionner. Mais quel meilleur moyen de le découvrir que de tester nos meilleures idées, à petite échelle, avant de les déployer ou de prendre des décisions plus permanentes ? Ce réflexe est ce que nous appelons souvent l’état d’esprit expérimental. C’est l’impulsion de continuer à poser des questions, à tester des solutions et à trouver des moyens intelligents de mesurer et de comparer notre impact.
L’illusion des données parfaites… et des expériences.
Peut-être que la suggestion ci-dessus ne ressemble pas à une expérience parfaitement conçue et, bien sûr, elle ne l’est pas. Mais comme Sasha l’a soulevé dans notre panel, nous devons surmonter le mythe de la nécessité de disposer de plans expérimentaux parfaits ou de données parfaites pour mener des expériences. En réalité, nous prenons chaque jour des décisions sur la base d’informations imparfaites. Même des données imparfaites ou des expériences simples peuvent générer des informations que nous n’avions pas hier. Ce qui compte, c’est de commencer quelque part et d’être franc sur ses limites. Tant que nous nous efforcerons d’améliorer continuellement notre niveau de preuve, nous finirons toujours par en savoir plus qu’auparavant.
C’est pourquoi nous continuons à vous encourager à essayer, à tester et à poser de nouvelles questions. Et si vous avez besoin d’un coup de main en cours de route, n’hésitez pas à contacter notre équipe d’expérimentation GC ou à soumettre une demande au service EO. Nous sommes là pour vous aider, et nous sommes impatients de voir ce que les cinq prochaines années d’expérimentation apporteront au gouvernement du Canada.
Auteur : Équipe EXP du GC